1. Support d’une fonction
Citons deux exemples simples :
-
La fonction caractéristique χ : χ : support χ0,1=[0,1]
-
La fonction échelon de Heaviside : Y : support Y=[0,+∞[
2. Espace D des fonctions test φ
D est l’espace des fonctions complexes définies sur R indéfiniment dérivables à support borné. Dans ce qui suit, on ne cherchera pas à déterminer ces fonctions : celles-ci portent le nom de fonctions test et elles agissent en auxiliaires.
Leurs propriétés sont remarquables pour leur association passagère à d’autres fonctions :
-
D est un espace vectoriel de dimension infinie.
-
Si φ∈D, alors sa dérivée φ′∈D.
-
Si φ∈D et si α :R→C est indéfiniment dérivable, alors α.φ∈D.
En effet, α.φ est indéfiniment dérivable et : support(α.φ)⊂ support(φ).
2.1. Topologie dans D
Une suite φn (n > 0) de fonctions de D converge vers une fonction φ∈D quand n tend vers l’infini si :
-
Il existe un ensemble borné B⊂R tel que ∀n∈N, support (φn)∈B.
-
Pour tout entier k≥0, la suite des dérivées φ(k)n converge uniformément sur R quand n tend vers l’infini vers la dérivée correspondante φ(k).
On notera qu’à chaque ordre k (et pas pour tous les k à la fois), il y a convergence uniforme.
3. Espace D′ des distributions
Une distribution T est une fonctionnelle linéaire continue sur l’espace vectoriel D.
À tout φ⊂D , on associe le nombre complexe noté T(φ) ou en général ⟨T,φ⟩ par les crochets de dualité :
φ⊂D T → ⟨T,φ⟩∈C∀φ∈D, ∀ψ∈D, ∀λ∈D :⟨T,φ+λ.ψ⟩ = ⟨T,φ⟩+λ⟨T,ψ⟩
Soit φn>0 une suite d’éléments de D.
Si φ∈D et si {φn→φ}n→∞ , alors la suite des nombres complexes ⟨T,φn⟩ converge vers le nombre ⟨T,φ⟩ : φn D →φ⇒limn→∞ [⟨T,φn⟩]=⟨T,φ⟩
L’ensemble des distributions, noté D′, est un espace vectoriel :
Pour S∈D′, T∈D′, φ∈D, λ∈C :
⟨S+T,φ⟩=⟨S,φ>+<T,φ⟩⟨λ.S,φ⟩=λ.⟨S,φ⟩
D′ est donc une partie du dual algébrique de D.
4. Cas particuliers
4.1. Fonction localement intégrable
Soit la fonction f : R→C : ∀a,b∈R ; a<bb∫a|f(t)| dt<+∞
On lui associe une distribution Tf : ⟨Tf,φ⟩=+∞∫−∞f(t) φ(t) dtφ∈D
Cette intégrale a un sens, car φ est nulle à l’extérieur d’un ensemble borné.
4.2. Distribution de Dirac δ
La distribution de Dirac δ est définie par :
⟨δ,φ⟩=φ(0)⟨δ(a),φ⟩=φ(a)
Elle peut être physiquement interprétée comme une masse (ou une charge) ponctuelle de valeur unité à l’origine (notation δ) ou plus généralement en un point d’abscisse a (notation δa ou δ(a)).
4.3. Valeur principale (VP)
Pour la facilité de l’exposé, nous raisonnons sur un exemple.
La distribution valeur principale de (1x), notée vp (1x), est définie par :
⟨vp(1t),φ⟩ = lim ϵ>0→0 {∫|t|>ϵ]φ(t)t dt}= lim ϵ>0→0 {−ϵ∫−∞φ(t)t dt++∞∫+ϵφ(t)t dt}
Le calcul est ramené à la somme de deux intégrales, la valeur intermédiaire (t=0) ayant été exclue.
Vérifions succinctement la légitimité de ce subterfuge en s’assurant que cette valeur principale est une distribution tempérée pour tout R>0 . On peut écrire : ∫|t|>ϵ]φ(t)t dt =∫ϵ<|t|<Rφ(t)−φ(0)t dt+∫|t|>Rφ(t)t dt
φ∈D étant bornée et [φ(t)−φ(0)]/t ayant une limite (la dérivée), l’égalité ci-dessus prouve que l’intégrale précédente a bien une limite quand ϵ tend vers 0.
On peut d’ailleurs écrire : ⟨vp(1t),φ⟩ =+R∫−Rφ(t)−φ(0)t dt